mercredi 24 août 2011

Des rues si étroites...


Je mets les pieds à Baina. Première fois de ma vie que je rentre pour de bon dans un de ces célèbres bidonvilles dont tous les journaux ont parlé au moins une fois à cause de Slumdog Millionaire.

Et la question que tout le monde se pose reste: est-ce pareil?

Et la réponse est oui.

Les rues de l'Inde, dans cette petite ville qu'est Vasco (état de Goa) sont démunies de trottoirs, ou de balayeurs minutieux. C'est sale. Il y a des déchets qui jonchent le sol, de partout, et parfois nous craignions même de marcher en sandales. Mis à part ça, lorsque nous descendons du bus, la ville nous paraît pareille à partout ailleurs. Sale. Normale.
Jusqu'à ce que nous prenions une ruelle sur la droite.

Et nous voilà à Birla. Le plus grand bidonville de l'état de Goa. 15000 personnes y vivent.
Et me voilà déambulant dans ses rues.
Les regards sont méfiants chez les adultes, et les enfants nous sautent déjà au cou, nous appelant "teacher! teacher!" nous prenant la main pour les petites filles.

La plupart des maisons sont minuscules. Peut-on même les appeler "maisons" lorsque 7 ou 8 d'entre elles équivalent à ce qui me sert de foyer en France?

En moins d'une minute nous sommes tous frappés par ce que nous avons, et ce qu'ils n'ont pas. Par leur 7m2 pour vivre à 7, par l'eau qui coule entre les blocs de maisons, les chiens errants qui déambulent, et les petites de 5 ans qui portent un bébé dans les bras.

Les murs sont pourtant bleus, rouges, jaunes. Beaucoup d'entre eux sont très bien habillés, je vois même un jeune homme en chemise blanche impeccablement repassée et pantalon noir à pinces.

Beaucoup ont des portables, des télévisions... et si peu d'espace pour vivre, respirer, s'éloigner.

Pourquoi? Eh bien, à mon humble avis, c'est une question de société. Vous êtes d'un bidonville? Vous êtes un intouchable. Ce qui vous ralie aux autres, aux plus riches, c'est ce que vous pouvez avoir en commun... et vous n'aurez jamais une grande maison, ou plusieurs pièces... mais un téléphone, une télévision, c'est encore faisable...
Le rêve de réussite sociale ronge toutes les sociétés, pas seulement la nôtre, poussant les plus petits à se mettre en quatre pour joindre les deux bouts, tout en se sentant à peu près digne.

La première impression est dure. Puis après quelques minutes, les visages se dégèlent. Me voilà avec trois petites filles accrochées à mes bras.

Cet amas de déchets, de pièces minuscules, de misère, qui sentait le désespoir à premier abord, commence à ressembler à ce que c'est: un foyer pour beaucoup, un lieu de déchirement mais d'amour aussi.

Il faut les voir jouer ensemble ces enfants, se balader en bande, rire de tout, et sourire à la première occasion. Il sont beaux. Leur peau bronzée, leurs yeux noir nuit, leurs gloussements timides à notre passage, tout en eux à des airs de liberté, et de vie à l'état brut.

Et pendant 6 semaines ils m'ont intégrée, aimée, taquinée, et suivie.


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